Le Monde Interactif

Les principaux incidents survenus
lors de rave-parties depuis 2000



4 juin 2000 :

Une jeune femme décède d'une surdose de LSD au cours d'une rave-party de trois jours à Vissec (Gard).

2 juillet 2000 :

Une rixe en marge d'une rave-party fait un mort, un jeune homme tué par arme à feu, et un blessé grave, près de la commune de Corbère-le-Château, à une trentaine de kilomètres de Perpignan.

7 août 2000 :

Un jeune homme meurt d'une surconsommation de drogue après avoir participé à un rassemblement de plus de 10.000 personnes près d'Alès (Gard).

7-8 juil 2001 :

Au cours d'une rave près de Belfort, deux viols sont commis et six personnes sont arrêtées pour trafic de drogue.

9 juil 2001 :

Un jeune homme, sous l'emprise de drogue et d'alcool, se tue après avoir chuté d'un toit alors qu'il participait à une rave-party dans une zone d'entrepôts près de Rouen (Seine-Maritime).

14 juil 2001 :

Un jeune homme décède d'une surdose d'ectasy lors d'une fête techno à Saint-Jure (Moselle).

3 janv 2002 :

Le corps sans vie d'un homme est découvert dans une carrière désaffectée près de Béziers (Hérault). L'individu, qui avait participé à une rave de 25.000 personnes le soir du Nouvel An, est mort de suites d'une prise massive de drogue.

20 janv 2002 :

Un participant à un rassemblement techno dans un entrepôt désaffecté du Val-d'Oise décède, victime d'une surconsommation d'ecstasy.

15 août 2002 :

Un policier est blessé à la tête par un jet de pierre, lors d'affrontements entre un groupe de raveurs et une compagnie de CRS à l'entrée du site du Teknival 2002 près du col de Larche (Alpes-de-Haute-Provence), à la frontière italo-française.

19 juillet 2003 :

De violents affrontements ont lieu au Faouët (Morbihan) en marge du festival des Vieilles Charrues de Carhaix (Finistère), entre des raveurs privés de lieu de rassemblement et les forces de l'ordre. Un participant, grièvement blessé lors ces incidents, doit être amputé de la main.

2 août 2003 :

Le corps d'un homme est retrouvé sur le bas-côté d'une route à proximité du lieu d'une rave-party près du Pont de Tancarville (Eure). La victime, qui a succombé à une consommation excessive de drogue et d'alcool, aurait été transportée par deux individus qui l'auraient abandonnée sur le bord de la route. L'organisateur du rassemblement, le conducteur et le passager de la voiture sont mis en examen le lendemain.

Source : AFP

Même réglementées, les raves font toujours peur

Les organisateurs se heurtent aux réticences des préfets et des élus locaux.

Les déboires des raveurs en quête d'un terrain pour organiser le Teknival du 15 août sur le plateau du Larzac sont là pour l'attester : plus d'un an après l'entrée en vigueur de la loi réglementant les raves, les organisateurs de fêtes techno font toujours peur et ils ont du mal à trouver leur place dans un cadre légal.


A l'hostilité des élus et des habitants du Larzac, opposés à la tenue du festival techno, s'ajoutent malentendus et soupçons de manipulation entre les raveurs et le ministère de l'intérieur. "La réquisition de terrains agricoles par le ministère est un coup bas qui vise à dresser les agriculteurs et les festivaliers les uns contre les autres et à nuire à l'image de la Confédération paysanne et des organisateurs de fêtes libres", accuse, sur son site Internet, le Collectif des sound systems.


Ce regroupement constitue le principal interlocuteur des pouvoirs publics dans leur effort pour encadrer les fêtes techno clandestines et gratuites, les "free parties". Entrée en vigueur en mai 2002, la loi soumet l'organisation des raves à l'autorisation préalable de la préfecture, sous peine d'une amende de 1 500 euros et de la confiscation du matériel. Son application a occasionné de nombreuses poursuites judiciaires et des confrontations entre les amateurs de musique techno et les forces de l'ordre. Depuis septembre 2002, à l'initiative du ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, les deux camps se sont régulièrement rencontrés, place Beauvau, pour trouver un terrain d'entente.


Jusqu'à présent, les "teufeurs" reconnaissaient les efforts réalisés par le ministère de l'intérieur pour faciliter l'organisation des grands événements. Cette année, pour la première fois, le traditionnel Teknival du 1er mai s'est ainsi déroulé en toute légalité et sans incident, sur la base militaire de Marigny-le-Grand (Marne).


Mais, d'après les raveurs, la bonne volonté affichée place Beauvau pour les festivals techno n'a jamais été suivie d'effets au niveau local où, selon eux, les petites soirées se heurtent à une interdiction systématique. "Les Teknivals ne sont qu'une belle carotte, estime Brieuc, du Collectif des sound systems. Aujourd'hui, il y a cent fois moins de petites soirées qu'avant parce qu'il y a un blocage systématique au niveau local." Selon lui, la mauvaise volonté des préfets et des maires aboutit à une impasse : "Pour les petites soirées, ou on entre dans un cadre légal avec un cahier des charges totalement inadapté, ou on essaie quand même d'organiser quelque chose et on se fait confisquer le son."


Une dizaine de fêtes ont été autorisées depuis un an, affirme-t-on au ministère, où l'on reconnaît que les réticences locales sont difficiles à surmonter. "Quand on a demandé aux préfets de nous faire une liste des terrains pour accueillir des raves, on a reçu une feuille blanche, explique-t-on au ministère de l'intérieur. Il y a un mélange entre une appréhension excessive et des nuisances réelles. On est sans doute en avance par rapport à la reconnaissance sociale du phénomène des raves."


Lors d'une réunion avec les raveurs, le 1er août, M. Sarkozy a annoncé la tenue, en septembre, d'une table ronde pour "créer les conditions d'un meilleur dialogue au niveau local". Les directeurs de cabinet des préfets et l'association des maires de France y seront conviés. Une nouvelle circulaire devrait être adressée aux préfets, leur demandant d'informer le ministère de l'intérieur avant d'interdire une rave.


Ces initiatives répondent aux critiques des organisateurs de fêtes techno mais aussi à la volonté de réduire les dangers générés par les situations de blocage ou de conflit avec les autorités. Les graves incidents survenus ces dernières semaines en ont fait ressentir le besoin.


Dans la nuit du 18 au 19 juillet, un jeune homme avait eu la main arrachée lors d'affrontements avec les gendarmes dans le village du Faouët (Morbihan). Les raveurs avaient voulu passer outre l'interdiction, par la préfecture, de la rave-party habituellement organisée en marge du festival rock des Vieilles Charrues, à Carhaix.


Dans la nuit du 1er au 2 août, l'un des participants à une rave sauvage organisée sur la commune du Marais-Vernier (Eure) avait trouvé la mort. Victime d'un malaise apparemment causé par l'alcool et la drogue, il avait été abandonné au bord de la route. Selon les enquêteurs, un raveur aurait demandé aux participants de ne pas appeler les secours, de peur de déclencher une intervention des gendarmes susceptible de mettre fin à la fête.


Les comportements de clandestinité rendent aussi plus difficile la prévention des risques en matière de consommation de drogue. "Les fêtes sont plus petites, plus secrètes et on y est moins présent, souligne Philippe Durand, coordinateur de Prev'en teuf, une association en Basse-Normandie. La clandestinité entraîne des réflexes de panique. On a récemment évité une overdose en prenant la responsabilité d'appeler le 15 contre l'avis des organisateurs qui craignaient l'intervention des gendarmes."


Frédéric Chambon (LE MONDE)

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